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La longue colonne de prisonniers - je n'en vois ni le début ni la fin- avance sous les hurlements des soldats allemands, nos geôliers.

Si un de  nous retarde un peu, coup de pied, coup de crosse, pas de pitié pour les faibles, il faut avancer coûte que coûte, tenir, tenir, serrer les dents. Si un s'écroule, il est trainé à l'écart et nous entendons une salve. Un  de moins disions nous. Ca aide à  avancer, la trouille de ne pouvoir suivre. 

Nous marchons un vingtaine de kilomètres par jour. En 5 jours nous arrivons à Trèves. La nuit, nous couchons à la belle étoile, dans les prés, sur les rebords des fossés, sans nourriture aucune. On mange ce qu'on trouve dans les champs: le blé n'est pas mûr, mais nous grignotons les épis ou de des herbes. Pour boire rien, de l'eau dans les mares à même le sol, ou dans des dossés.

Et la dysenterie commence à faire ses effets. Mais pas le temps de s'arrêter longtemps, il faut réintégrer la file, avec en prime un coup de baïonnette dans les fesses.

Parfois un  de nous d'écartait du chemin pour pénétrer dans une maison - toutes abandonnes - et essayer de trouver quelques chose à manger. Là les risques étaient grands pour peu de résultats .

Un jour des avions allemands nous ont survolé et lancé quelques boules de pain de seigle. Mon copain Emile en a attrapé une et à l'arrêt suivant nous nos la sommes partagée entre un groupe de six du régiment. Malheureusement peu ont eu droit à cette nourriture tombée du ciel.

Et il faut suivre, suivre, coûte que coûte, les plus forts aident les autres. 

On arrive dans un camp.  Trêves. Nous dormons à la belle étoile. Les officiers et les hommes de troupe sont séparés.

Des points d'eau, mais pas de nourriture.

On reste 3 jours à Trèves puis on nous emmène à la gare. La faim tenaille.

Des trains avec des wagons à bestiaux attendent. Nous montons dans les wagons, 70 par wagon, sans nourriture, sans boisson, sans sanitaire ...

Nous resterons ainsi 3 jours et 3 nuits, pendant que le train roule. Impossible de s'allonger, l'odeur est insupportable et ce n'est pas le peu d'air qui arrive par les petites ouvertures qui y change quelque chose.

La faim, la soif,  terrible!

A voir la position du soleil on se rend compte que l'on se dirige vers l'est.

On passe Vienne. On est en Autriche se dit-on dans le wagon.

Enfin le train s'arrête et on ouvre les portes. Hébétés nous descendons. On est dans un camp et il y a là, déjà des milliers de prisonniers.

   c'est dans ce type de wagon que le voyage a été fait  

J'appends que nous sommes à la frontière tchécoslovaque. C'est un camp de transit.

On nous trie et on nous donne un matricule. Le mien: 73907.

Et puis de l'eau de la bonne eau de la vraie! Quel régal. Et de la nourriture: une gamelle de pommes de terre non épluchées et germées. Mais qu'importe, c'est un festin! Comment nous devenons dépendants de nos geôliers!

Dans ce camp nous passerons un mois et demi. On nous donne une plaque de métal blanc portant notre numéro matricule à porter au cou jour et nuit. On est pris en photo également. Tous les jours, matin et soir , rassemblement, appel.

Nous dormons dans des baraques en bois sur les lits superposés (2) avec pour tout matelas des planches et pour couverture notre capote. Heureusement la saison n'est pas froide.

Depuis notre départ des Ardennes, nous sommes restés avec les mêmes vêtements. Les poux sont partout.

On nous prend le linge qui va être mis dans des chambres à gaz pour être désinfectés et nous prenons une douche!

Après on  peut laver notre linge et le faire sécher à même le sol, mais il faut surveiller: les vols. De même la nuit, il me faut regrouper le maigre barda et surtout les chaussures, car les vols sont fréquents

On nous dit que nous allons travailler et qu'il faut que nous soyons en état en arrivant. Où ? Mystère. 

De nouveau dans le train, mais le trajet est court une journée. Nous arrivons en gare de Friesach, en Carinthie, non loin de Graz et près de la frontière italienne.

C'est une région de montagnes, et nous nous dirigeons vers le village de San Salvator, dans la montagne où sera notre stalag.

Heureusement avec quatre autres camarades du régiment nous restons groupés: Emile, Louis, Roger, Lucien.

voir la carte de l'Autriche

 

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