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Ca y est, nous sommes arrivés!

Ce sera le stalag XVIII  A basé à Wolfsberg près de Graz. Le camp principal de ce stalag est là, imposant avec ses miradors, des prisonniers de toutes nationalités. Source : le site " Prisoner of war Stalag 18 A" que je vous invite à découvrir.

clic sur le plan pour agrandir

SQtalag 18A de Wolfsberg

Mais avec d'autres prisonniers Français, nos repartons car le stalag 18A est réparti sur plusieurs camps dans le sud de l'Autriche. Ce sera le camp de San Salvator.

San Salvator

Chaque stalag a sous son administration plusieurs commandos dispersés dans la région où il est implanté. Dans les premiers mois, chaque commando agricole formé d'une vingtaine d'hommes est logé dans un camp à l'écart du village et sous la surveillance de posten .

Dans notre camp, 5 cabanes en bois, avec un responsable et 4 soldats pour nous surveiller. 

Des baraquements en bois, sans fenêtre,  entourés de barbelés, 12 lits superposés de 3 lits par baraque, une planche pour déposer notre maigre barda. Pour matelas de la paille sur des planches et pour couverture un vieux dessus de lit.

Voici un aperçu de cabanes du camp principal du stalag 18A.

   cabane stalag  

K G - Kriegsgefangener - prisonnier de guerre!

Nous sommes les KG, lettres  marquées sur le côté de notre pantalon. Comme les animaux!

Ici c'est le travail: nous sommes répartis dans les fermes environnantes, dans une nature agréable de moyenne montagne.

Le matin réveil à 4 heures et toilette dans un abreuvoir,  rassemblement et départ sans manger accompagné ou non par un soldat du camp (ils n'étaient pas assez nombreux pour accompagner tout le monde). Les fermiers - ceux qui restaient, les hommes en état de combattre étaient partis au front-  devaient répondre de nous et de notre présence au risque de sanctions.  Arrivé à la ferme, petit déjeuner puis le travail de cette culture de montagne: semis, moisson, récolte, soins aux animaux et pendant la belle saison, le débardage du bois. C'était une agriculture peu mécanisée et rude du fait du climat et de la montagne.

Repas du midi et du soir avant le retour au camp, pris à la ferme. C'était la contre partie demandée aux cultivateurs. Il faut dire que si la nourriture n'était pas toujours à notre goût, nous mangions à notre faim. Et retour au camp, coucher à 19 heures.

Le dimanche nous restions au camp à discuter, jouer aux cartes, écrire. Après nous avons eu le droit d'aller prendre une bière au bistrot du village en payant avec nos marks de prisonniers. Le dimanche était la journée où nous mangions le moins bien un frugal repas était distribué dans le camp. Nous lavions notre linge dans un  étang non loin de là.

La Croix Rouge prend contact et fera le lien avec nos familles à qui nous pouvons écrire.

Cet organisme a d'ailleurs fait un travail énorme à voir ICI

C'est d'ailleurs elle qui a avisée nos familles de notre état de prisonnier: voir la carte reçue par mes Parents. (clic sur les images pour agrandir)

                        

 

Tout le courrier tait soumis à la censure, et envoyé sur des imprimés ou carte non cachetés. En voici quelques modèles.

la carte:

                        

La lettre:

                        

Nous recevions également des colis qui devaient être normalisés.

Voir ici un imprimé pour envoi de colis.

 

Nous pouvions recevoir un colis de 5 kg tous les 2 mois et un colis de 1 kg tous les mois.

Colis et courrier mettaient de 3 à 4 semaines pour nos parvenir. Et la censure aussi bien allemande que française était toujours là!

Ceci a permis à ce que nos familles nous envoient vêtement chauds, chaussures et de la nourriture, des lames de rasoir.... Après j'ai pu voir au prix de quels sacrifices ils l'ont fait, car eux étaient sous le joug de l'occupant, mais censure oblige, ne pouvaient rien nous dire. 

 

    timbre de la censure du stalag   

  

    

Nos employeurs versait un salaire à la Wehrmacht qui nous reversait une petite partie en marks de camps qui nous servaient à acheter le peu que nous trouvions dans les magasins dédiés. Ces marks de prisonnier ou Lagerfeld.

Lagerfeld

A partir de 1942 nous avons eu le droit d'aller au café du village boire une bière et payer avec ces marks.

Dans les fermes, après la méfiance initiale, nous sommes biens reçus. Pas d'hostilité de la part des civils. Par contre une règle impérative au delà de l'ordre qui était demandé dans le stalag: la peine de mort pour tout prisonnier qui coucherait avec une autrichienne.

 

   Prisonniers de guerre,près du stalag l'hiver, clic pour agrandir

Le moral allait et venait, certains supportaient mal la captivité, d'autres supportaient la condition, et entre camarades, nous discutions, de la guerre, de la paix toujours annoncée, des femmes, mais aussi le partage des colis que la famille envoyait par la croix rouge. Ah ces colis, jour de satisfaction de découvrir ce qui était dedans. Un pull, ne paire de gants, des rillettes, du sucre. Il fallait que les familles se privent pour nous envoyer ça.

   hivier 1942 dans la vallée  

 

L'hiver à ces altitudes il fait froid, régulièrement -20°C et nous n'avions que notre uniforme. La capote a servi, mais j'ai souffert du froid. Nous avons passé deux hivers dans ces baraquements puis en 1943 la décision a été prise de nous envoyer habiter dans les fermes, car nos gardiens sont appelés sur le front de l'est où il se dit que les nouvelles ne sont pas bonnes pour les allemands, ce qui nous réjouit. Les fermiers étaient responsables de nous à leurs risques.

Cabanes du camp secondaire du stagah 18A à Friesach, hiver 1942

En cet hiver 42-43 pour m'occuper, j'ai réalisé avec mon couteau une canne que j'ai pu ramener.

canne sculptée

détail canne

        On se retrouvait le dimanche en été     et en hiver avec la neige

 

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