Nous sommes en Belgique ce 10 mai. Une fois de plus ce petit pays est foulé par les bottes allemandes!
Nous avançons avec nos chevaux sur les chemins et dans la forêt. Nous faisons plusieurs bivouacs. On nous dit que l'ennemi est proche. Nous avons reculé et repassé la frontière en évitant les colonnes allemandes que l'on devine. Nous entendons toujours le bruit des combats qui sont proches. Les avions passent au dessus de nos têtes par vagues. Ces stukas qui feront tant de victimes dans les rangs des armées mais aussi dans les colonnes de civils qui fuient les zones de combat: l'exode. Ca nous ne le saurons qu'à notre retour...
Nous sommes déployés de part et d'autre d'un chemin dans la forêt." On nous demande de prendre position, pieds à terre. Nous entendons des moteurs. Ce sont des chars! le colonel Rey nous dit" on ne se rend pas, on se defend, plutôt mourir que se rendre, l'armée française ne se rend pas, c'est un déshonneur". Pauvres de nous avec nos chevaux!
Un tir de mitrailleuse fauche 14 des nos camarades et une vingtaine sont blessés. Je me réfugie dans une cabane Un camarade voir la tourelle du char tourner vers cette cabane et me crie "sort de là!". Je plonge au dehors dans un buisson au moment même où l'obus fait exploser la cabane. Notre officier décide de se rendre. Il nous demande de jeter nos armes et d'avancer les mains en l'air. Les allemands prennent nos armes et nous regroupent. Ils nous fouillent à corps. J'éprouve un sentiment étrange de gâchis de n'avoir rien pu faire, mais aussi de soulagement d'être en vie. Nos chevaux (280) pour le régiment iront grossir le ravitaillement allemand.... Nous sommes à Avesnes sur Helpe. C'est là qu'est née la mère du camarade qui m'a sauvé la vie, Emile. C'était le 17 mai 1940.
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l'attaque allemande |
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